Arrêts maladie : la dérive des arrêts de travail se poursuit en 2024

Publié le 23/09/2024
  • Actualité sociale

Le directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) revient, dans une interview accordée aux Echos du 9 septembre 2024, sur le coût des arrêts de travail au premier semestre 2024, en hausse de 8,5 % sur un an.

Si la dynamique est un peu plus forte sur les arrêts longs, on a aussi un volume d’arrêts de travail de courte durée qui reste à un niveau très élevé, comparable à ce qu’on a connu pendant le Covid, alors que cela aurait dû se calmer avec la fin de la pandémie observe Thomas Fatome. Dans le détail, sur les 6 premiers mois 2024, les montants versés au titre des arrêts longs (de plus de 3 mois) sont particulièrement dynamiques (+9,5%), de même que ceux liés à un accident du travail (+11,3%). Si le coût des arrêts courts progresse moins vite (+6,2%), ils représentent néanmoins 40 % de la dépense totale. Pour expliquer cette dérive, la CNAM cite en priorité l’impact de l’inflation qui, en boostant le SMIC et les augmentations de salaires, a renchéri le coût des indemnités versées. Cet effet prix expliquerait 39 % de la hausse du coût des IJ observé entre 2019 et 2023 (soit 2 fois plus que durant la période précédente). De son côté, le vieillissement de la main d’œuvre serait à l’origine de 19 % de la croissance des IJ sur la période 2019-2023 contre 42 % dans la période 2010-2019. S’agissant des 42% restant, la CNAM n’est pas en mesure de séparer ce qui relève d’une évolution normale de l’état de santé de la population (hausse des maladies chroniques par exemple) de ce qui relève de comportements abusifs, a expliqué Thomas Fatome, en conférence de presse le 9 septembre 2024.

Pour maîtriser le coût des arrêts de travail et compléter la feuille de route de la Caisse mise en œuvre depuis 2023, le Directeur Général de la CNAM souhaite déjà renforcer les contrôles : Entre septembre et décembre, nous allons contacter les 30000 à 40000 assurés qui ont un arrêt de plus de 18 mois pour faire le point sur leur situation, voir si leur arrêt de travail est justifié, voir s’il y a une reprise d’activité enclenchée et discuter éventuellement la mise en place d’un mi-temps thérapeutique quand la situation le permet, indique-t-il. Par ailleurs, les médecins-conseils de l'Assurance Maladie vont contacter 7.000 médecins généralistes qui prescrivent des arrêts de manière importante pour échanger sur leurs pratiques et voir s'il y a un moyen de mieux maîtriser la situation. Surtout, la CNAM s’apprête à déployer dès ce mois-ci auprès des médecins des certificats de travail plus sécurisés. Enfin, nous allons également renforcer nos actions auprès des entreprises qui présentent des profils d'absentéisme atypiques, souligne encore le Directeur Général de la CNAM.

En matière d’indemnisation des arrêts, Thomas Fatôme invite l’Etat et les partenaires sociaux à « se remettre autour de la table », tout en impliquant les médecins et l’assurance maladie. Il faut réfléchir à un nouveau système d'indemnisation des arrêts de travail plus soutenable financièrement mais aussi plus juste. Est-il normal qu'aujourd'hui un salarié soit moins bien couvert parce qu'il n'a pas six mois d'ancienneté ? Est-il normal que les jours de carence soient la plupart du temps couverts pour les salariés dans les grandes entreprises mais pas dans les petites ?, s’interroge-t-il.

À lire aussi