La méditation, c’est bon pour la santé ?
Longtemps boudée en France, parfois accusée de déviances sectaires, la méditation est désormais en odeur de sainteté… ou plutôt de santé. À tel point qu’on commence à l’utiliser pour soigner. Quelques hôpitaux, CHU et cliniques proposent notamment la méditation de pleine conscience en thérapie de complément. Il est temps de faire mieux connaissance avec une pratique finalement très ancienne, trier le vrai du faux sur ses bienfaits, et savoir par où commencer… si l’esprit vous en dit.
De la tradition bouddhiste au besoin de zen
Investigation du soi dans la tradition de l’indouisme ancien, vide de l’esprit dans la philosophie taoïste chinoise, quête de l’éveil spirituel dans le bouddhisme indien… Selon les historiens, les origines de la méditation sont là, entre – 6 000 et – 500 avant J.C. On retrouve des pratiques méditatives dans toutes les grandes religions et spiritualités, de la prière contemplative chrétienne à la Mouraqaba des soufis en passant par la méditation hébraïque. L’acte de méditer, en réalité, recouvre des centaines de formes et techniques, avec cependant quelques points communs : la nécessité d’une posture, un exercice d’entraînement de l’esprit, un état de conscience différent.
À partir des années 60, quand la jonction s’opère entre spiritualité et développement personnel dans les pays occidentaux, toutes sortes de courants se jettent sur la méditation comme Arthur sur le Graal. Avec des dérives qui, aujourd’hui encore, assimilent dans l’esprit du grand public les techniques méditatives à un « truc de hippies sans filtres »… Notamment en France, patrie du cartésianisme.
Mais ça change. La méditation est redescendue sur terre pour devenir tendance. Et il y au moins deux raisons à cela. La première, c’est notre besoin de gérer le stress, surmonter l’agitation ambiante, la frénésie du quotidien, la surcharge d’information, l’angoisse du lendemain.
La deuxième raison, c’est la rencontre des sagesses orientales évoquées plus haut et des sciences occidentales, la médecine, les neurosciences, la psychologie… Cette rencontre conduit depuis la fin du XXe siècle à l’essor d’une méditation laïque, et à sa validation comme outil thérapeutique.
Un outil de soin et de prévention
Si aujourd’hui on parle plus de la méditation de pleine conscience que de la méditation de l’amour bienveillant (ou la méditation de la grenouille pour les enfants, la méditation transcendantale, japonaise, Vipanassa, Kundalini, Toglen, du cœur, des anges, de la compassion, de la montagne, du matin ou du soir… ), c’est parce que son effet a été démontré sur le stress, avec un recul scientifique de 40 années.
Le premier programme thérapeutique utilisant la méditation remonte en effet à 1979. Baptisé Mindfulness based stress reduction (MBSR), il est développé par le biologiste Jon Kabat-Zinn à l’usage des hôpitaux : la méditation de pleine conscience entre dans les plans de traitement pour réduire le stress dû à la maladie, aux douleurs chroniques, aux traitements pénibles… Au fil des années, différentes études ont démontré l’efficacité de la méthode, utilisée aujourd’hui dans plusieurs établissements français : le centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy à Villejuif, par exemple, ou encore le service de néphrologie de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Anti-dépresseur et anti-vieillissement ?
Au-delà de l’accompagnement des patients, la méditation est devenue une forme de traitement, notamment contre la rechute dépressive. La Mindfulness Based Cognitive Therapy (MBCT), inspirée par la MBSR, est notamment mise en œuvre depuis 2004 au centre hospitalier Sainte-Anne à Paris, où le Dr Christophe André figure parmi les médecins pionniers de la méditation de pleine conscience en France. Plusieurs études, dont une parue dans The Lancet en 2015, montrent que la MBCT aide à réduire de moitié les récidives de dépression.
À Rouen, le Centre de nutrition de l’hôpital du Bois Guillaume expérimente des séances de méditation pour aider les patients en situation d’obésité à gérer leurs pulsions alimentaires. À Caen et Lyon, des équipes Inserm ont montré fin 2017 que la méditation pourrait réduire ou retarder de quelques années le vieillissement cérébral, faisant suite aux travaux de chercheurs américains révélant qu’une pratique intensive permettait une moindre altération de la matière grise.
La méditation aide à soigner, mais il convient de rester prudent sur ses promesses.
Pratiquer la méditation : par où commencer
Si de nombreux scientifiques et médecins voient désormais la méditation d’un œil attentif et bienveillant, il convient de rester prudent. Oui, des études scientifiques ont prouvé qu’elle peut avoir des effets positifs sur le stress, l’anxiété, la fatigue, l’hypertension, le risque de récidive d’une dépression, ou même les douleurs chroniques, par exemple celles des lombalgies. Oui, les pratiquants disent à peu près tous que la méditation procure bien-être, relaxation, bienveillance, qu’elle aide à se détendre, s’aimer, bien dormir, mieux gérer ses émotions, écarter les pensées négatives, porter plus d’attention au moment présent…
Mais non, non vraiment, rien ne prouve, que la méditation de pleine conscience peut vous donner le mental de Zinedine Zidane, booster vos capacités intellectuelles et votre mémoire, ou guérir du cancer. Quant à vous rendre télépathe, vous révéler les six numéros du Loto, vous faire léviter dans votre salon, vous donner les clés du bonheur et/ou de la vie éternelle… Même pas en rêve ! Et il faut savoir également que la méditation n’est pas sans « effets secondaires » (angoisse, peurs, dissociation…) soulignés par des chercheurs et des psychiatres, qui déconseillent fortement la pratique sans encadrement aux personnes atteintes de troubles anxieux ou de phobies.
Si vous voulez essayez par vous-même la méditation de pleine conscience, un conseil : documentez-vous et commencez doucement, quelques minutes par jour, avec les conseils faciles d’outils gratuits, applications SmartPhone ou sites Internet. Si vous préférez essayer une méthode scientifiquement validée, des instructeurs certifiés proposent un peu partout en France le programme MBSR aux particuliers et aux entreprises. Et pour le reste, libre à vous de trouver la méthode qui vous convient !