Manger sain et pas cher, c’est possible !

Alerte sur notre assiette ! Des études très sérieuses nous expliquent que les Français mangent mal. D’autres nous disent que bien manger n’est pas donné à tout le monde, parce que l’alimentation saine coûte plus cher. Qu’en est-il ? Et comment nourrir sa santé sans se ruiner ?

Cinq fruits et légumes par jour : ça marche !

Vous connaissez certainement cette recommandation de santé publique, lancée en France dès le début des années 2000, et dont les bénéfices sont largement démontrés. Une synthèse d’étude publiée en 2014 conclut par exemple que chaque portion de fruit ou de légume (entre 80 et 100 g) consommée quotidiennement permettrait de réduire le risque de mortalité (notamment par cancer et maladie cardiovasculaire) de 2 à 8 %. Une autre synthèse, parue en 2017 et portant sur 95 études, parvient à des résultats similaires : chaque fois qu’on augmente de 200 g, sa consommation quotidienne de fruits et légumes, la réduction des risques de mortalité est significative (13 à 18 % pour les accidents vasculaires cérébraux par exemple, ou 8 à 13 % pour les maladies cardiovasculaires), et ce jusqu’à 800 g/jour. De tels résultats devraient conduire à déclarer les brocolis ou la salade d’utilité publique… Mais les Français sont en réalité peu nombreux à atteindre la portion recommandée de 400 à 500 g de fruits et légumes par jour.

Pour se renseigner sur la prévention des accidents vasculaires cérébraux, cliquez ICI

Nous ne mangeons pas sain… et ça ne s’arrange pas

Comme l’indique le Credoc dans une étude récente, la part des Français « gros consommateurs » de fruits et légumes (5 portions et plus par jour) ne dépasse pas 25 %. Elle a même diminué depuis 2010… Tandis que la part des « petits consommateurs » (de 0 à 3,5 portions) est passée de 47 à 54 % de la population. De son côté, l’Anses constate dans sa grande étude nationale que nos habitudes alimentaires ne penchent pas assez du côté de la santé. Dans notre assiette, « on trouve toujours plus de produits transformés, une nette augmentation des compléments alimentaires depuis 2007, encore trop de sel et surtout pas assez de fibres ».

Un constat qui inquiète, à l’heure où les preuves s’accumulent quant à l’impact néfaste d’une mauvaise alimentation. Ainsi, une étude portant sur plus de 100 000 personnes a observé qu’une augmentation de 10 % de la proportion d’aliments ultra-transformés dans le régime alimentaire était associé à une augmentation de 10 % du risque de développer un cancer. 

Malgré les messages de santé publique et les évidences scientifiques, nous semblons résister à l’idée de faire des repas plus sains… Comment l’expliquer ? Un sondage récent a montré que la malbouffe procurait du plaisir (et de la culpabilité) : c’est une motivation à ne pas négliger. Notre rythme de vie a aussi tendance à nous éloigner d’une alimentation de qualité : manque de temps pour faire des courses, choisir son alimentation, pour la cuisine, et même pour manger… Autre explication souvent avancée, et pas vraiment contredite par les faits : manger sain coûterait cher…
 

Est-il vrai que manger sain coûte plus cher ?

Si l’on considère que manger sain, c’est manger bio, il est clair que le coût de l’alimentation est plus élevé. Linéaires, le magazine de la distribution alimentaire, a même fait le calcul à la fin 2016. Sur une base de 1000 références, l’écart de prix est de 64 % en moyenne, entre les produits bio vendus en grandes surfaces et leur équivalent issu de l'agriculture conventionnelle (produits strictement comparables : marque, format, recette, origine).

Cette différence importante fait polémique… L’UFC Que Choisir dénonce par exemple les sur-marges des grandes surfaces sur le bio. L’Agence bio, de son côté, explique la différence de prix par le mode de production des matières premières biologiques : elles nécessitent plus de main d’œuvre, avec des rendements plus faibles, donc un surcoût (cliquez ICI pour accéder à l'article).

La différence, en réalité, se joue à d’autres niveaux. Dans une revue bibliographique de 2012, une équipe de l’Inserm cite de nombreuses études, en France et en Europe, établissant le lien entre qualité nutritionnelle et coût plus élevé de l’alimentation. En comparant notamment les produits non pas par leur prix au kilo mais par le coût de l’énergie qu’ils procurent (€/100 kcal), les chercheurs confirment que les produits de qualité nutritionnelle supérieure (riches en vitamines, fer, calcium, fibres…) sont plus chers que des produits de moindre qualité (plus gras, plus riches en sucre…). Exemples à l’appui : pour apporter 100 kcal à votre corps, des chips ne vous coûtent que 0,11 €, soit 4 fois moins que des pommes (0,58 €). Si l’on suit ce raisonnement, mieux vaut manger des chips que des pommes pour préserver votre budget, alors que pour votre santé, c’est l’inverse… Comment faire ?

Cinq conseils pour manger "santé" sans dépenser plus

  • Acheter des fruits et des légumes de production locale, de saison, en circuit court : dans son guide « 100 jours sans supermarché », Mathilde Golla raconte que faire ses courses par les épiceries paysannes, les Amap ou association pour le maintien d'une agriculture paysane, et la vente en ligne de produits locaux lui a permis de réaliser 12 % d’économie par rapport à la grande distribution. Dans une étude de 2014, l’Amap Les paniers marseillais a montré que ses paniers de fruits et légumes bio coûtaient en moyenne deux fois moins cher que dans une boutique bio spécialisée et 1,3 fois moins cher qu’en hypermarché. Acheter local, c’est aussi acheter au rythme des saisons : un fruit ou un légume de saison est plus abondant (son prix est donc plus bas), plus goûteux et répond à vos besoins nutritionnels du moment.
  • Devenir flexitarien : manger des produits plus sains et de meilleure qualité sans dépenser plus ? C’est le régime prescrit par le WWF : ses calculs révèlent qu’une famille de 4 personnes peut, à budget constant, acheter plus de fruits et légumes, plus de légumineuses, plus de céréales complètes, plus de produits labellisés (bio, label rouge…) en réduisant les boissons sucrées, les produits transformés, le poisson et la viande.
  • Manger les vrais superaliments : graines de chia, baies d’açaï et de goji, camu-camu, gelée royale, spiruline… La liste est longue de ces aliments à très haute valeur nutritionnelle… mais onéreux. Il est utile de se souvenir que l’ail, le cresson, les épinards, kiwis, brocolis, choux, pommes, lentilles, artichauts, carottes (entre autres) sont eux aussi des superaliments qui peuvent vous apporter pleins de fibres, de vitamines et de minéraux chaque semaine… pour beaucoup moins cher !
  • Penser aux surgelés bio : cueillis en saison et à maturité, donc au moment où leurs coûts sont bas et leurs qualités nutritionnelles au top, les fruits et légumes bruts sont congelés rapidement et conservent donc leur qualité nutritionnelle pour un prix optimisé. Mais attention : selon 60 Millions de consommateurs, la dégradation des molécules de pesticides chimiques que ces fruits et légumes peuvent contenir serait ralentie par la congélation. Les surgelés bio sont donc à privilégier.
  • Faire son marché en fin de marché entre midi et 13h, les vendeurs de fruits et légumes ont tendance à faire des promos pour ne pas garder ou jeter de la marchandise. Profitez-en !

Sources :

  • Etude Crédoc 2017, Fruits et légumes : les Français suivent de moins en moins la recommandation. Pour en savoir plus, cliquez ICI
  • Etude ANSES 2017, INCA 3 : Evolution des habitudes et modes de consommation, de nouveaux enjeux en matière de sécurité sanitaire et de nutrition. Pour en savoir plus, cliquez ICI
  • Etude de l'INSERM 2018, Consommation d’aliments ultra-transformés et risque de cancer, pour en savoir plus, cliquez ICI
  • Etude de l'IFOP 2018, la malbouffe, entre plaisir et honte, pour en savoir plus, cliquez ICI
  • Revue bibliographique 2012, Manger mieux avec un petit budget, c’est possible mais c’est plus difficile, pour en savoir plus, cliquez ICI
  • Etude WFF 2017, Pour le même prix, manger mieux tout en réduisant notre impact sur la planète, c'est possible ! Pour en savoir plus, cliquez ICI