Faut-il se coucher (plus) tôt pour vivre (plus) longtemps ?

Entre les oiseaux de nuit pour qui dormir c’est vivre moins, et les bonnets de nuit pour qui dormir c’est vivre bien, il y a toutes celles et tous ceux qui se demandent comment leur sommeil peut impacter leur santé. Et même leur espérance de vie. Une étude scientifique récente apporte un nouvel éclairage. Elle démontre que se coucher tard pas n’est une bonne idée pour préserver sa longévité. Voilà qui va vous donner envie d’aller au lit plus tôt !

Le manque de sommeil affecte la santé… et la longévité ?

Les scientifiques, les spécialistes et les médecins alertent depuis plusieurs années sur les conséquences du manque de sommeil (diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, infections…). 

L’OMS a classé le travail de nuit en cancérogène probable. Et l’actuel record d’éveil sans interruption (11 jours et 25 minutes sans dormir… et sans stimulants) ne sera jamais officiellement battu : cela fait près de 30 ans que le Guiness book a fermé l’enregistrement de « performances » liées à la privation de sommeil. Trop dangereux !

Personne ne va se donc risquer dans ces extrêmes. Mais nous continuons cependant à dormir de moins en moins : selon l’Inpes, chaque Français a perdu… 1h30 de sommeil par nuit en moyenne ces cinquante dernières années ! C’est beaucoup… Il importe d’être plus vigilants sur le temps que nous offrons à nos rêves. Parce que si l’on passe presque un tiers de notre vie à dormir, c’est aussi pour ne pas l’écourter.

Dormir 7h et 9h par nuit : idéal pour vivre longtemps ?

Les scientifiques auraient tendance à dire oui… Par exemple dans une étude américaine de 2002, impliquant plus d’un million de femmes et d’hommes (incluant des sujets souffrant d’insomnie) pendant 6 ans : sur cette période, les chercheurs ont établi que les personnes dormant plus de 8h30 ou moins de 4h30 par nuit étaient exposés à un risque de mortalité 15 % supérieur aux dormeurs de 7 heures.

Plus récemment, une vaste étude australienne (231 000 adultes suivis pendant 6 ans) a fait grand bruit en incluant le sommeil dans un index de risque lié au mode de vie. Les résultats montrent, par exemple, que les petites nuits (moins de 7h de sommeil) associées au tabagisme et à une consommation d’alcool élevée multiplient par quatre le risque de mortalité sur la période étudiée, tandis que les grosses nuits (plus de 9h de sommeil) ajoutées à la sédentarité et à l’absence d’activité physique élèvent le risque dans des proportions équivalentes au combo tabac+alcool.

Bien d’autres études ont cherché à comprendre l’influence de la durée du sommeil sur la santé et l’espérance de vie des adultes. Mais aucune n’avait encore examiné l’effet sur la longévité de nos habitudes de coucher et de lever. C’est désormais chose faite avec une publication de 2018 dans la revue Chronobiology international.

Mieux vaut être un lève-tôt qu’un couche-tard

Cette nouvelle étude explore une base de données publiques sur la santé de 500 000 volontaires britanniques (d’âge moyen à avancé) en lien avec leurs rythmes de vie, et notamment leurs chronotypes. Selon qu’ils soient lève-tôt ou couche-tard, plus efficaces, actifs, productifs le matin ou le soir, ont-ils plus de risques de développer certaines maladies ? Sont-ils plus exposés à un décès prématuré ?

Les résultats sur une période de 6 années tendent à montrer un risque plus élevé pour ceux qui se disent « absolument du soir ». Comparé à ceux qui se déclarent « absolument du matin », le risque de mourir plus jeune est 10 % supérieur. L’écart est encore plus important s’agissant du risque de troubles psychologiques (94 %), de diabète (30 %), de désordres neurologiques (25 %), de troubles gastro-intestinaux (23 %) ou respiratoires (22 %).

À ce stade, et si vous lisez cet article à 1h du matin, il est temps d’aller vous coucher !

Mais avant, sachez ceci : les chronotypes sont liés autant à nos gènes qu’à notre environnement. On peut donc changer ses habitudes, mais sans aller contre son horloge biologique… Cela n’a rien de paradoxal. Et les auteurs de l’étude n’hésitent pas à faire des recommandations. Par exemple adapter les horaires de travail aux couche-tard, plutôt que de les obliger à se plier au rythme d’un monde qui se lève tôt.

Les heures de sommeil avant minuit comptent double ? Idée reçue ! Mais il est vrai que le sommeil est plus profond donc plus réparateur dans ses premiers cycles… donc ses premières heures.

Se coucher plus tôt, c’est possible

Connaître votre chronotype aussi ! Faites ce test et vous verrez quel genre de dormeur vous êtes. Et si, pour une raison ou pour une autre, vous souhaitez aller au lit plus tôt, découvrez ces astuces qui peuvent aussi vous aider à dormir comme un bébé…

5 astuces pour se coucher plus tôt et s’endormir plus vite

  • Fixez-vous une heure de coucher conforme à vos besoins : se coucher à la même heure tous les soirs facilite l’endormissement.
  • Ne dînez ni trop tôt et trop léger (pour éviter le réveil-fringale) ni trop tard et trop lourd (pour éviter l’élévation de température corporelle qui nuit au sommeil).
  • Pas d’activité sportive quatre heures avant de dormir, sinon l’adrénaline risque de retarder votre sommeil.
  • Oubliez le SmartPhone au lit : la fameuse « lumière bleue » de l’écran maintient votre cerveau en éveil et impacte la qualité du sommeil.
  • Prenez le train du sommeil quand il passe : si la somnolence l’annonce, c’est que c’est l’heure !